Un psy au bout de l’écran

Article Emilie Veillon paru dans LeTemps concernant la plateforme de Téléhypnose mise sur pied par mhp | centrum et Marta Hegyaljai Python de qui a rassemblé une cinquantaine de praticien-ne-s en Hypnose à travers toute la Suisse romande. Les surprenants bienfaits de l’HypnoMéditation à distance en période de pandémie. Une méthode naturelle qui rassemble les bienfaits de deux techniques de détente mentale : l'hypnose et la méditation. Grâce à l'hypnose, vous entrez rapidement dans un état de tranquillité paisible qui va vous permettre ensuite d'intégrer pleinement les suggestions de la méditation de pleine conscience. Une technique naturelle et très efficace pour retrouver son bien-être et le moral!

DES SÉANCES D’HYPNOSE AU TCHAT, EN PASSANT PAR DES CONSULTATIONS TÉLÉPHONIQUES, LES PSYCHOTHÉRAPEUTES ET PSYCHIATRES ROMANDS MULTIPLIENT LES STRATÉGIES D’ACCOMPAGNEMENT À DISTANCE. ET CRAIGNENT UNE VAGUE DE TROUBLES PSYCHIQUES POST-CONFINEMENT.

Un peu plus de 400 personnes aidées en trois semaines. C’est le bilan impressionnant tiré par la trentaine de psychologues bénévoles d’une plateforme romande de soutien gratuit en ligne. Depuis sa création le mois dernier, elle fonctionne tous les jours, du matin au soir, par tchat ou vidéoconférence. «En plus des inquiétudes liées au Covid-19, l’incertitude qui touche plein d’aspects de la vie quotidienne est très déstabilisante, analyse Florine Oury, psychologue à l’origine du projet Covid19-Soutien. Le sentiment de perdre le contrôle sur l’avenir est fort, sachant que personne ne peut dire ce qui se passera, pas même les autorités.»

Le service permet à ceux qui consultent souvent pour la première fois de déposer leurs angoisses, d’accepter leurs ressentis et de faire légitimer leurs inquiétudes. «Elles ne découlent pas de troubles dépressifs. Au contraire, il est logique qu’elles apparaissent dans les circonstances inédites auxquelles nous sommes ensemble confrontés. La forme du tchat assure la discrétion des échanges, ce qui est un plus sachant que la promiscuité actuelle ne rend pas la démarche évidente pour tout le monde.»

SYMPTÔMES SOMATIQUES ET RISQUES D’ADDICTION

Même observation du côté de Coaching Corona, un réseau d’une cinquantaine de coachs, médiateurs et psychologues de tout le pays qui proposent des consultations gratuites, elles aussi par téléphone ou messagerie. «Près de la moitié des appels proviennent de Suisse romande. Ils concernent des personnes qui ont peur de la maladie, sont sur les nerfs ou vivent des conflits familiaux. En principe, un seul appel suffit, mais on reste un soutien de référence. Entendre la voix d’un thérapeute serein, même inconnu, qui donne des outils de relaxation simples pour gérer la crise les aide apparemment beaucoup», observe la coach Andrea Flück von Planta.

Car si le confinement se révèle bénéfique pour celles et ceux qui y voient une occasion de ralentir, de se recentrer sur la famille, de réfléchir à leur rapport au monde, cette crise collective et ses conséquences sur la vie quotidienne peuvent menacer l’équilibre psychique. «Des symptômes somatiques tels que boule au ventre, insomnies, troubles anxieux ou agressivité envers soi-même ou les autres apparaissent souvent dans ce cas. Les personnes à tendance dépressive, paranoïaques ou atteintes de troubles du comportement sont fragilisées par la situation. Le confinement engendre aussi un risque d’augmentation des tendances addictives, que ce soit aux jeux en ligne, à la toxicomanie ou à l’alcool», relève Raphaël Berrut, psychothérapeute à Nyon et à Morges, qui suit désormais ses patients par vidéoconférence, comme la plupart des professionnels de la branche en Suisse.

La méthode de psychothérapie EMDR qu’il utilise étant efficace dans la gestion du stress et de l’anxiété, il a ouvert de nouvelles consultations via les réseaux sociaux pour des personnes qui cherchent une aide rapide, sans nécessairement s’engager dans un travail introspectif.

LES THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES À LA RESCOUSSE

L’hypnose fait également partie des outils efficaces. C’est ce qui a poussé l’hypnothérapeute Marta Hegyaljai Python, fondatrice du centre de thérapies complémentaires mhp | centrum basé à Lausanne, à former un collectif de 50 thérapeutes indépendants disponibles durant toute la durée de la pandémie. «On a senti une montée d’anxiété avec l’annonce des mesures de restriction du 13 mars dernier, confirme Florence Noël, porte-parole de l’opération. Cette technique étant scientifiquement reconnue pour son efficacité dans la réduction du stress et l’apaisement mental, il nous a semblé essentiel de l’adapter pour des consultations à distance. L’idée est de mobiliser les ressources de la personne, comme les sentiments d’estime et de confiance en soi, pas de faire de la thérapie où il s’agit de lever des blocages émotionnels ou des traumas.»

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Beaucoup de nouveaux appels qu’elle reçoit proviennent de malades du Covid-19 qui craignent les graves complications, de professionnels mobilisés sur le terrain qui ont besoin de reprendre des forces ou encore de personnes âgées. «Nombreuses sont les demandes liées à la spiritualité, précise la thérapeute qui pratique l’hypnose spirituelle. Les confinés se sentent seuls, face à leur fragilité. Ils veulent retrouver un équilibre intérieur, profiter de ce moment pour s’ancrer dans des valeurs moins matérielles.» Concrètement, les séances – dont le tarif a été réduit de moitié pour les rendre accessibles au plus grand nombre – se font par vidéoconférence. Elles consistent en des exercices de respiration profonde, de visualisations puis de suggestions positives pour mobiliser toutes les forces.

“Le retour attendu à la normale ne se fera pas comme une libération festive qui suit une guerre”

Sandrine Ghilardi

DES TENSIONS POST-CONFINEMENT

Si ces différentes initiatives de soutien solidaire sont censées prendre fin avec la levée des mesures de confinement, la disparition des tensions n’est pas garantie pour autant. Plusieurs exemples de cas à l’étranger laissent présager une vague épidémique de troubles psychiques dans un second temps. Selon Sandrine Ghilardi, présidente du Groupe des psychiatres et psychothérapeutes de Genève (AMG), le risque de décompensation post-confinement est réel. Il concerne principalement les cas de stress traumatique post-intubation des malades guéris, les soignants qui risquent des symptômes d’épuisement professionnel, les personnes fragilisées par le deuil, les dépressions post-partum et les familles dysfonctionnelles pour lesquelles le confinement aura été un facteur aggravant. Mais aussi les personnes âgées toujours privées de contact, les adultes ayant vécu des enfances difficiles qui risquent de voir des traumatismes ressurgir, les personnes affectées par les conséquences économiques ou encore les patients des institutions psychiatriques dont l’accompagnement aura été péjoré par les mesures de distanciation sociale.

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«Ce que l’on vit est de l’ordre d’un traumatisme collectif. Les peurs les plus profondes, apanage des films catastrophes, sont devenues réelles. Cette effraction psychique universelle nous a fait développer des stratégies d’adaptation pendant le confinement, analyse-t-elle. Le problème, c’est que le retour attendu à la normale ne se fera pas comme une libération festive qui suit une guerre. Ce ne sera pas la vie d’avant, ni la vie d’après que les gens auraient espérée. Tout cela va rester très déstabilisant.»

RETOURNER À DES VALEURS DÉLAISSÉES

Pour y faire face, Raphaël Berrut conseille à ses patients de se concentrer sur les aspects positifs qu’ils ont pu vivre en confinement: le retour vers la cellule familiale, la nature, les sensations de vivre dans l’instant présent… «Il va y avoir un retour bénéfique à des valeurs qu’on a souvent tendance à mettre en avant en termes d’idéal, mais qu’on ne met pas en pratique dans notre société de consommation où tout va très vite. Peut-être va-t-on se rendre compte que ces ressources d’auto-stabilisation sont en chacun de nous et qu’elles seront désormais mobilisables en tout temps», espère-t-il.

La technique de relaxation dite du «lieu sûr» fait partie des ponts que l’on peut facilement consolider pour rester en contact avec les petites joies intérieures qui auront fleuri ce printemps. Fermer les yeux, se concentrer sur sa respiration, s’imaginer dans un lieu de paix. Idéalement pieds nus, en écoutant les oiseaux chanter… des beautés de la vie quotidienne que beaucoup de gens ne percevaient pas auparavant et qui peuvent dévier leur attention sur un monde beaucoup moins oppressant qu’il n’en a l’air.

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